Carrefour de la Poésie de décembre
Notre récent Carrefour de le Poésie a été, comme toujours, empreint d’un éclectisme vivifiant : éclectisme des thèmes, mais aussi éclectisme parmi les auteurs choisis et mis à l’honneur. Les trouvailles renouvelées des dix-sept fidèles participants ont encore une fois ménagé l’effet de surprise et la réussite était au rendez-vous. Entre la poésie de la petite Amélie, jusqu’à l’étonnant poème composé par cette jeune lycéenne pendant son épreuve d’Histoire au Bac blanc, et qui précisément ne l’inspirait pas, nous avons célébré Victor Hugo, Alain Fournier, Albert Camus, Jacques Prévert, Paul Valéry, Léopold Senghor, Manuel del Palacio, Maurice Carême, Gibran Khalil Gibran et bien d’autres voix majeures de cet art libérateur.
Selon la proposition faite par Denis, une place particulière a été réservée à l’Ecole, sujet d’actualité s’il en est. La Nation confie à cette noble institution la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République...Ainsi, avons-nous emprunté les chemins de cette Ecole, qui, ouvrant la voie de la Connaissance, constitue l’antidote le plus sûr contre tous les obscurantismes. Une occasion aussi de réaliser quelques beaux détours par la lecture de poèmes en Anglais ou en Espagnol, dont la teneur et la couleur ont été aussitôt restituées dans notre belle langue. Enfin, lecture est donnée d’un texte personnel dans lequel je raconte une visite que fait, dans les années cinquante, une jeune institutrice à sa petite élève gravement malade, et qui lui offre un livre qui parle de Marie Curie. Un récit qui n’est autre que le vibrant éloge d’une certaine conception de l’Ecole…
Conformément à une tradition solidement établie, la soirée se termine par le verre de l’amitié, dédié cette fois à l’anniversaire de Bambi et au mien. Merci à tous les acteurs de ce bel édifice poétique d’un soir.
Francis Calvet
Suivent quelques poèmes présentés ce soir-là.
Lettre d’Albert Camus à son instituteur
Le 17 octobre 1957, l’Académie royale de Stockholm décerne le Prix
Nobel de littérature à Albert Camus (1913-1960), »pour l’ensemble d’une
oeuvre mettant en lumière les problèmes qui se posent de nos jours à la
conscience des hommes ». La lettre que Camus adresse alors à M. Germain
est certainement l’un des plus bels éloges du métier d’instituteur.
19 novembre 1957
Cher Monsieur Germain,
J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous
parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai
ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma
mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit
enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne
serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d ‘honneur Mais celui-là est du moins
une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous
assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours
vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre
reconnaissant élève. Je vous embrasse, de toutes mes forces.
Albert Camus
Collège Achimota, Accra, Ghana
Ne faire qu’un !
Une journée des Pères Fondateurs
Comme les autres :
Professeurs en robes,
Garçons et filles en uniformes d’été
Chemises blanches et shorts marine,
Visages avides et débordants
Alors que le Directeur rend hommage
Aux pères fondateurs du collège
Et au travail de l’année
Qui s’achève.
Une fois encore, dit-il,
Ce fut une année de réussite.
Puis, ensuite,
Dans la fraîcheur de l’après-midi,
Alors que, invités dans son jardin,
Nous prenons thé et biscuits,
Le Directeur danse :
Une danse de guerrier provocant
Paré de tissu kenté et de signes tribaux
Ses mollets épais
Bombés et bandés,
Dans ses sandales monastiques.
Poème d’Amélie
Qui voilà?
C’est moi!
Voilà, c’est moi !
C’est le soir.
Quoi?
Il fait noir heu !
Ohé ! Va te coucher !
Quoi?
Allez, t’es le roi !
Voilà que t’es le roi !
Quoi?
T’as mis des pois ?
Sur ton toit ?
Quoi?
Je te dis pourquoi t’as des
pois
Sur ton toit ?
Quoi?
J’ai croqué dans ma poire
Pleine d’espoir!
Quoi ?
Je l’ai mise sur mon toit !
Au bon endroit !
Pourquoi ?
T’as des pois !
Sur toi !
T’as la varicelle ?
Ah ?
Quoi?Je l’ai mise sur mon toit !Au bon endroit !
Pourquoi?
T’as des pois ! Sur toi! T’as la varicelle ?
Oui !