Dialogue écrit à l’occasion des 20 ans de l’UIPB.
Le Propos : Albert, un journaliste récemment arrivé au Blanc, doit écrire un article à l’occasion du vingtième anniversaire de l’UIPB et questionne Béatrice, une personne qui exerce des responsabilités dans cette association depuis ses débuts.
-Albert : Béatrice, ne me laissez pas patauger dans une devinette, mais dites-moi tout de suite ce que veut dire l’UIPB !
-Béatrice : l’UIPB, c’est l’Université Inter-générations Populaire Blancoise, une association dont nous fêtons les vingt ans, le bel âge en quelque sorte.
Elle a vu le jour en juillet 1994 grâce à l’initiative de deux élus, Alain Pasquer et Nicolas Bouquet et d’un groupe d’intrépides volontaires désireux de proposer à tout un chacun des actions culturelles de qualité dans les domaines les plus divers. Des actions de nature à susciter aussi l’intérêt de personnes retraitées et à maintenir leur mémoire !
-A : Si je vous entends bien, vous parlez donc d’une culture de qualité accessible à tous ?
-B : Assurément ! Et cette volonté est encore plus affirmée depuis 2004, l’année où l’Université Inter-générations du Pays Blancois est devenue, sans changer de sigle, l’Université Inter-générations Populaire Blancoise.
Elle confirme d’ailleurs son caractère populaire en pratiquant des tarifs très accessibles, ainsi que la gratuité totale pour les scolaires, les étudiants et les demandeurs d’emploi.
-A : Aujourd’hui, au moment-même où elle fête ses vingt ans, quel regard portez-vous sur elle ?
-B : Ecoutez, contrairement à quelques esprits chagrins qui ne lui prédisaient guère plus de deux ans d’existence, au terme de deux décennies, notre association affiche toujours une excellente santé.
-Et quelles en sont les raisons me direz-vous ? Hé bien, tout simplement, la persévérance et le talent de ceux qui n’ont cessé de faire évoluer cette belle machine, mais aussi le soutien sans faille de nos élus et la surtout la fidélité de nos adhérents.
-A : Et qui pilote cette belle machine ?
-B : Quatre présidents, très impliqués, en ont successivement tenu les commandes : Gérard Pinon en 1994, Madeleine Félix en 2000, notre regretté ami Claude Moulène en 2004, puis Francine Le Brun en 2012, entourés d’un Conseil d’Administration stable et efficace.
Toujours soucieux de porter haut les couleurs de l’UIPB, nos différents responsables sont parvenus à lui forger cette solide réputation qui fait que certains adhérents n’hésitent pas à parcourir 50 ou 60 km aller et retour pour assister à une conférence !
-A : En effet, j’ai déjà entendu dire beaucoup de bien, mais racontez-moi d’abord comment cette belle aventure a commencé.
-B : Rappelez-vous, à l’origine, ce sont d’intrépides volontaires qui ont mis en place des conférences à l’intention d’un large public. Et rapidement, conférences et cycles allaient constituer la colonne vertébrale de leur projet.
-A : Mais, qui dit conférences, dit conférenciers ?
-B : Bien sûr, et l’aventure a pu démarrer grâce à un vivier local dont il faut rappeler le rôle éminent tant ses interventions ont été nombreuses. D’ailleurs, nous saluons les mérites de ce vivier qui reste toujours très actif : Madeleine et Bernard Félix, notre recordman, qui à lui seul a donné plus de 70 conférences, Gérard Coulon 63, Michel Le Brun, et plus tard René Desmaisons, Simone Mallaret, Claude Moulène, Jean Pailler, Denis Clare, et bien d’autres…Et croyez-moi, ils sont tous là pour fêter ce vingtième anniversaire !
-A : Bien ! Bien ! Mais dites-moi, ce vivier local comme vous l’appelez, a-t-il suffi dans la durée ?
-B : Evidemment non ! Alors, les relations, la cooptation, le bouche à oreille, l’aide éclairée d’associations amies, ont joué un rôle essentiel pour découvrir de nouveaux conférenciers, parfois même des perles rares, des professeurs d’université, d’éminents chercheurs, comme les Professeurs Fardeau, Audiffren ou Casenave-Roblot que nous avons entendus récemment.
Si bien qu’aujourd’hui c’est près de 1000 conférences que notre Université affiche à son compteur !
-A : Une précision. Tout à l’heure, vous parliez aussi de cycles. Cycles, conférences, où est la différence ?
-B : Vous avez raison, ceci mérite d’être clarifié, cycles et conférences ont chacun leur raison d’être. Un cycle permet de traiter un sujet important qui nécessite parfois plusieurs conférences déclinées d’une exposition, d’un spectacle, d’un film ou d’une sortie en lien direct avec le sujet traité.
Ainsi parmi bien d’autres, le parc de la Haute Touche, Rabelais, Balzac, Courbet, le Brésil, La Peste, Agnès Sorel, Saint-Exupéry, la Renaissance, Auguste Renoir, le Terroir viticole, la Traviata ou Dali ont alimenté des cycles mémorables nous conduisant jusqu’à l’Opéra, au musée du Louvre, au Grand Palais ou en d’autres lieux fort célèbres, comme Saché et La Devinière !
Au total, c’est une centaine de sujets qui ont été traités sous cette forme.
-A : Bravo ! Mais dites-moi, à côté de tout cela, l’UIPB a-t-elle développé d’autres activités ?
-B : Oui, en effet, l’association ne s’est jamais contentée de proposer des séries de conférences et de cycles, fussent-ils de grande qualité. L’atelier mémoire et le cercle littéraire, toujours très actifs, font partie des fondements-même de l’Université, mais je veux souligner aussi l’importance :
– de l’atelier photographie qui fonctionne depuis 1996
– et de l’atelier golf créé en 2004
Toutefois, rien n’est figé vous savez, et selon les circonstances nous avons fait fonctionner des ateliers cuisine, tapisserie, secourisme, prévention routière, initiation au logiciel Power point et même à la langue russe !
-A : Alors, vous pouvez sans doute évoquer quelques souvenirs remarquables qui ont émaillé toutes ces belles années ?
Le choix est embarrassant, mais je peux citer sans risque de me tromper :
-la venue de Patrick Dandrey, professeur à la Sorbonne, accompagné de Stéphane Godefroy, nous faisant découvrir La Fontaine l’enchanteur.
-celle de Hassane Kouyaté et les festivités qui ont suivi. Rendez-vous compte, un griot africain en Brenne !
-la commémoration du dixième anniversaire, étalée sur trois jours avec une remarquable exposition à la salle des Augustins.
-le méchoui de fin d’année à Bélâbre, animé par la Comédie Bélâbraise, avec la participation du Médecin malgré lui.
-A : Après cette évocation, ce regard porté dans le rétroviseur, revenons si vous voulez bien à l’association telle qu’elle est aujourd’hui et parlez-moi du rythme des conférences. Toujours pas d’essoufflement ?
-B : Non, non, pas le moindre signe de faiblesse, depuis plusieurs années notre vitesse de croisière évolue autour d’une quarantaine de conférences par saison, à raison de deux par semaine, devant des auditeurs de plus en plus nombreux, puisque la moyenne est passée allègrement de 40 à 60 par séance !
S’agissant des cycles, nous en programmons jusqu’à cinq par année.
-A : Belle vitesse de croisière, en effet ! Mais comment faites-vous pour trouver des thèmes aussi fédérateurs ?
-B : Vous savez, notre démarche est très démocratique et le bureau procède à une large concertation tout en veillant à enrichir et à diversifier les programmes. Recherche, écoute et propositions, voilà les maîtres-mots permettant à chacun de faire son « bouillon de culture ».
Toujours soucieux de susciter l’intérêt, nous veillons aussi au bon équilibre entre les sujets scientifiques et les sujets plus littéraires, ainsi qu’à une répartition harmonieuse entre ceux d’intérêt local comme Les noms des lieux ou Le dict de la Gartempe…et ceux d’intérêt plus général, tels l’Astronomie au service de tous, Ouvrons l’œil de Claude Moulène, ou les Antibiotiques…
-A : Cette manière de procéder entraîne forcément un renouvellement important des sujets d’une année à l’autre ?
-B : Mais bien sûr, et en intégrant des sujets inédits, nous avons élargi considérablement la palette des thèmes traités et fait appel à des conférenciers reconnus, vous savez,…les fameuses perles rares. Ainsi nous n’avons pas hésité à faire émerger la philosophie, la généalogie, l’œnologie, le jardinage ou la vannerie…de même que l’ethnologie, la musique, l’économie, la diététique, la monnaie européenne etc, etc.
Un sujet d’actualité peut aussi jouer un rôle décisif : la projection des films Gasland et No Gazaran a déterminé tout un cycle consacré au problème de l’extraction des gaz de schiste.
-A : Alors, voulez-vous me préciser les thèmes inscrits au programme de l’année qui s’achève ?
-B : Il suffit de consulter notre dernière brochure où ils sont clairement énoncés : actualité, archéologie, artisanat, astronomie, biologie, histoire contemporaine, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire locale, littérature, médecine, sujets de société, tels que la Fée verte ou L’histoire des Français et de l’argent.
J’ajoute, que l’exposition du peintre Félix Vallotton au Grand Palais, l’opéra Carmen, les problèmes de l’Eau et le Cinéma de Tati ont été traités sous forme de cycles.
-A : L’éclectisme et la richesse sont évidents. Et que vous disent en retour les conférenciers ? Vous font-ils part de leurs impressions ?
-B : Ici, ils apprécient toujours la qualité de l’accueil, la proximité de l’auditoire, sa capacité d’écoute et la pertinence du questionnement. Un questionnement qui les incite parfois à préciser leurs propos afin de répondre au plus près des attentes, et la plupart d’entre eux reviennent très volontiers vers nous.
-A : Laissons là maintenant les conférences et les conférenciers, et parlez-moi des autres activités que propose l’association aujourd’hui.
-B : -Notre cercle littéraire, ponctué pendant des années par des moments festifs, reste toujours aussi dynamique et s’est même enrichi depuis trois ans d’un carrefour de la poésie.
-L’atelier golf à La Roche Posay, fait de vous en dix séances un nouveau golfeur.
-L’atelier photographie nous gratifie toujours de très belles expositions.
-L’atelier mémoire locale, qui a réalisé à ses débuts un important travail sur le train en Bas-Berry, a produit ensuite un livre sur le canton du Blanc, et plus récemment Les plumes du cygne, une anthologie de textes littéraires sur notre ville, sans oublier les informations historiques du circuit des totems et les recherches en cours sur les maires de notre cité.
-Nous organisons également des sorties : Brantôme, Rochechouart, Chassenon, Rochefort et l’Hermione, Mehun-sur-Yèvre, ou encore, la maison de Descartes, l’Archéolab et le musée du Grand-Pressigny.
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-Nous allons régulièrement au spectacle à Equinoxe ou à l’Opéra de Limoges : Souchon, Juliette, Cyrano de Bergerac, Les Chaises d’Eugène Ionesco, Les jeux de l’amour et du hasard, Le bourgeois gentilhomme, La symphonie des lumières ou La Traviata restent parmi d’autres, d’excellents souvenirs.
-Enfin, un repas convivial vient clore chaque saison culturelle. En mai 2013, il a eu lieu dans le cadre accueillant d’Art Brenne, et celui des vingt ans se déroule à la salle des Fêtes du Blanc.
-A : Une telle variété d’activités vous a forcément conduits à vous adapter, à améliorer sans cesse votre fonctionnement ?
-B : Mais oui, tenez, par exemple, la présentation du programme annuel, passé d’une simple feuille à la belle brochure que vous avez en main, illustre bien ce souci.
-Tout comme l’annonce systématique des conférences par voie de Presse à partir de 2002.
-Je pense également à la présentation de la saison culturelle d’Equinoxe, qui désormais a lieu tous les ans à domicile, à la salle Carnot.
-J’ajouterai que l’association a su intégrer au bon moment les nouvelles techniques de communication et fait depuis 2004 un usage maîtrisé et pertinent de l’outil informatique, tant au niveau des conférences que du secrétariat et nous saluons en passant le mérite de Cécile.
-A : Au début de notre entretien, vous avez évoqué aussi le soutien sans faille des élus ?
-B : J’allais précisément y revenir, car sans l’aide constante qu’ils nous apportent depuis le début, l’association ne pourrait être ce qu’elle est. Nous avons la chance en effet de bénéficier gratuitement d’une salle dédiée aux réunions et au Cercle littéraire -2002-, d’un secrétariat à temps partiel, de la salle Carnot pour les conférences, ainsi que des subventions attribuées par le Conseil Municipal et le Conseil Général.
Grâce à tout cela, je suis sûre que l’UIPB détient les atouts qui lui permettent d’envisager sereinement l’avenir, même si nous devons toujours rester humbles et animés du souci de bien faire.
-A : Tout au long de notre conversation, j’ai pu juger de la bonne santé de l’association. En quelques mots seulement, donnez-moi les clefs de cette réussite.
-B : Cette réussite, nous la devons d’abord à la qualité et à la fidélité de notre auditoire.
Sans doute parce que l’UIPB a su se remettre en cause quand il le fallait, procéder aux évolutions nécessaires, trouver des bons partenaires, et je citerai seulement cette belle collaboration de 10 années avec le collège Les Ménigouttes pour la commémoration du 11 Novembre.
Mais vous savez, notre satisfaction vient aussi de la qualité des relations et des liens qui nous unissent. Nous sommes une grande famille où la culture a favorisé la rencontre de personnes qui, sans elle, ne se seraient jamais rencontrées. Des gens d’opinions très diverses se parlent et échangent volontiers dans le respect de chacun. Source d’amitié et de reconnaissance mutuelle, l’association est la preuve vivante d’une démarche humaniste réussie.
-A : Notre entretien touche à sa fin et je crois avoir recueilli grâce à vous les éléments qui alimenteront mon article. Avant de nous séparer, que diriez-vous pour conclure ?
-B : Au fil des ans, l’UIPB est devenue un acteur important de la vie locale, parfaitement positionné parmi d’autres associations comme le Centre Culturel Blancois, les Amis du studio République, Les Amis du Blanc qui poursuivent chacune à sa façon des actions à caractère culturel.
Grâce à elle, nous avons découvert l’Origine du monde, sillonné la planète, traversé le Sahara et rencontré Charles de Foucauld, visité les mythes grecs, voyagé de la terre à la lune en évitant les collisions, déambulé dans les vestiges de Pompéi, salué la bravoure des pionniers de l’aviation, interviewé Klaus Barbie, vécu le quotidien des Gallo-romains en Brenne, traversé le bas-Berry en train, marché sur les pas d’Alain Fournier, soufflé avec Soutine sur les maisons de Céré, fait la connaissance du soldat inconnu, du dernier empereur d’Autriche, cheminé avec Saint-Augustin, lu des Nobel de littérature, compté en grec, en romain, en maya, en égyptien, applaudi Molière et Shakespeare, admiré les costumes de la Comédie Française, percé quelques mystères de la société des fourmis, écouté avec ferveur l’orchestre de Basse Normandie, dîné chez Momus avec Mimi, vibré avec Carmen et partagé le désespoir de Rigoletto, sans oublier de dire au passage quelques poèmes…
Alors, comment ne pas rester longtemps encore en si bonne compagnie, avec la ferme volonté de faire partager à d’autres le plaisir et l’enthousiasme qu’apporte cette culture mise à la portée de tout un chacun ?
Francis CALVET